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Le statuquotidi1

Les migrants sont avant d'etre migrants:humains.

10 Janvier 2016, 21:21pm

Publié par Issouf Kone

Les migrants sont avant d'etre migrants:humains.

Quand j’étais gamin, dans le pays qui m’a vu naître, il s’est passé dans la localité où je vivais, une situation qui m’a marqué à vie. Née dans un village de San Pedro, qui est une ville de la cote d’Ivoire. Ceux qui connaissent l’endroit ou Qui désirent se référer à une carte géographique, sauront que San Pedro est située au sud-ouest du pays, pas loin de la frontière avec le Libéria, qui avait été secoué par une guerre civile horrible qui a commencé bien avant qu'on ne naisse et qui s'est terminée vers les années 96-97, pendant qu'on était tout gosse. Je vous conseille de lire « Allah n’est pas obligé » d’Ahmadou Kourouma, il en parle si bien dans l’œuvre. Revenons à nos moutons n’est-ce pas! Qu’est-ce qui m’a marqué au juste? Je vous le dirais. Bien avant, voila quelque chose qui m’écœure. Regardez ces gens qui se disent forts, intelligents, civilisés. Qui s’érige en donneur de leçons, qui prétendent que l’Afrique n’est pas rentré dans l’histoire et qui paradoxalement, n’ont point dans leur cœur ne serait-ce qu’un atome de solidarité. S’il vous plait chers frères Européens, les migrants sont avant d’être migrants : Humains.

1) Être fort n’est pas seulement une question de détention d’armes nucléaires, d’armée bien équipée, de pays développé ; c’est aussi une affaire de conscience, si vous êtes forts accepter vos frères,

2) Si vous êtes si intelligents, cette intelligence devrait normalement dans son fonctionnement, vous fait savoir qu’on ne rejette pas son semblable, stopper les murs que vos construisez et accepter les migrants.

3) Aucune civilisation digne du nom n’enseignera qu’il faut fermer sa frontière à ceux qui ont besoin de refuge. « Si le voisin a besoin de feu pour se réchauffer, invitez le chez vous, quand vous aurez froid, il ne vous oubliera pas. »

Ce qui m’a marqué quand j’étais gosse, est que notre zone, c'est-à-dire San Pedro, avait été, vu le voisinage avec le Liberia, un endroit où les réfugiés ayant fui la guerre avaient fortement débarqué, cherchant un endroit propice où trouver la paix et le repos. Arrivés par milliers, ils étaient grâce à la solidarité de nos parents tous accueillis et logés. Ils étaient loin de chez eux, mais chez eux. Ils avaient retrouvé la quiétude, loin des cris des armes, des affrontements de ces inconscients de politiciens Libériens qui avaient plongé ce pays dans une situation difficile. Nos mères échangeaient avec les femmes libériennes comme leur sœur, dans un Français ou Anglais "Passable", pour ne pas dire "médiocre," qui se complétait par des gestes, nos pères faisaient pareils avec les hommes venus avec toute une famille, remerciant le tout-puissant de les avoir orientés vers des personnes avec du cœur. Le peu était partagé.Ce qui comptait, c’était prêter mains fortes à ceux qui en avaient besoin. Nos parents ne voyaient pas des migrants,ils voyaient en premier lieu des êtres humains.

Nous les gosses, inconscients, méchants et égoïstes refusions de jouer avec les petits libériens que nous trouvions trop étranges pour se mêler à nous.

Je me rappelle que mon petit frère « Paix à son âme »et moi partagions notre matelas avec un gamin libérien. Une nuit, j’ai empêché le pauvre de dormir sur le matelas sans raison valable. Il se grouillait pour se coucher et aussitôt je le renvoyais par terre comme si c’était moi le maître des lieux. Il pleurnichait en me balançant des termes anglais que je ne pigeais pas et qui ne faisaient que m’énerver. Il devait surement être en train de me dire un truc du genre : « Qu’est-ce qu’il y a? Laisse-moi dormir Issouf, laisse-moi voyons! »Cependant je m’en moquais et continuais mes caprices quand sa mère et la mienne revenaient de chez la voisine ou les femmes durant cette période, chaque soir se réunissaient pour échanger et évacuer les peines de la journée. Voyant George, il s’appelait ainsi, en pleurs, ma mère demanda ce qui n’allait pas. L’enfant raconta tout à sa maman, qui a son tour, l’expliquait à la mienne. Ma mère me fixa nerveusement en demandant à George de regagner le matelas. Serein celui-ci s’approcha pendant que je prenais position pour l’en empêcher. Elle me dit ceci :-Issouf laisse le se coucher. Voulant jouer le dur j’ai répondu :

-Il ne dormira pas ici.

Elle me demanda :

-Pourquoi tu ne veux pas dormir avec lui ?

Sans savoir que ma réponse serait d’une gravité indescriptible, j’ai dis avec l’air le plus sérieux du monde :

-Parce que c’est un Libérien.

Ma maman sur-le-champ, m’a infligé une gifle tellement bien ajustée, que j’ai pleuré pendant plus d’une demi-heure. Quand mon père est rentré et m'a demandé j’ai expliqué l’affaire de sorte à ce qu’il me donne raison, en disant toujours en larmes : -C’est Mamannnn, moi je n'ai rien fais et puis elle me frappe à cause de George. Ma mère a rectifiée en ajoutant ce que j’avais omis « Il dit qu’il ne dort pas avec le petit, parce que c’est un Libérien ». Mon père ayant d'autres chats à fouetter que de s'apitoyer sur mon sort, s’est contenté de me balancer simplement en regagnant sa chambre :

-Imbécile, toi tu es Malien mais tu n’es pas en cote d’ivoire ?

En tout cas ce soir là ,George a mieux dormi que moi.

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